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Purin d’ortie : fabriquer un engrais naturel puissant

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Purin d’ortie : recette complète, dosages précis et guide d’utilisation



Le purin d’ortie : l’engrais naturel gratuit le plus efficace du jardinier bio.

Le purin d’ortie représente l’engrais naturel le plus puissant et le plus économique à disposition du jardinier. Cette préparation ancestrale, utilisée depuis des siècles dans les campagnes françaises, concentre une richesse nutritive exceptionnelle : azote, fer, silice, vitamines et 42 oligo-éléments directement assimilables par les plantes. La recette de base reste simple : 1 kg d’orties fraîches pour 10 litres d’eau, fermentation de 10 à 15 jours avec brassage quotidien. Dilué à 10% pour l’arrosage (1 litre de purin + 9 litres d’eau) ou à 5% en pulvérisation foliaire, il stimule spectaculairement la croissance, renforce les défenses immunitaires des végétaux et repousse naturellement les pucerons. Ce guide expert détaille chaque étape de fabrication, les dosages précis selon les usages, les erreurs fatales à éviter et les techniques de conservation pour profiter de votre purin pendant 12 mois.

Pourquoi le purin d’ortie est-il si efficace ?

L’ortie (Urtica dioica) accumule dans ses tissus une concentration exceptionnelle de nutriments puisés dans le sol. Cette capacité d’accumulation, unique dans le règne végétal, explique pourquoi l’ortie pousse préférentiellement sur les sols riches en azote (anciennes fumières, bords de chemins fertilisés). La fermentation libère ces nutriments sous forme directement assimilable par les plantes, créant un concentré nutritif d’une efficacité redoutable.

Un engrais azoté naturel d’une puissance remarquable

Le purin d’ortie contient entre 1,5% et 2,5% d’azote sous forme organique, le nutriment clé de la croissance végétative. L’azote favorise le développement des tiges, des feuilles et du système racinaire. Les légumes-feuilles (salades, épinards, choux) et les légumes gourmands en phase de croissance (tomates, courgettes) répondent spectaculairement à cet apport. Une différence de croissance de 30 à 50% s’observe couramment entre des plants traités au purin et des témoins non traités.

Contrairement aux engrais azotés chimiques (ammonitrate, urée) qui libèrent brutalement leur azote et risquent de « brûler » les racines, l’azote organique du purin d’ortie se libère progressivement. Les micro-organismes du sol décomposent les molécules organiques complexes, mettant l’azote à disposition des plantes au rythme de leurs besoins. Cette libération lente évite les à-coups de croissance et produit des légumes plus résistants, moins gorgés d’eau, au goût plus prononcé.

L’analyse chimique du purin d’ortie révèle également la présence de phosphore (0,2-0,4%) et de potassium (0,6-1%), les deux autres macro-éléments essentiels à la nutrition végétale. Le phosphore stimule l’enracinement et la floraison, le potassium renforce la résistance aux maladies et améliore la qualité gustative des fruits. Un purin d’ortie bien préparé constitue donc un engrais relativement équilibré, bien que dominé par l’azote.

Équivalence en engrais commercial : 10 litres de purin d’ortie dilué à 10% apportent approximativement l’équivalent de 15 à 20 grammes d’engrais complet NPK. Sur une saison de 6 mois avec des arrosages bimensuels, vous économisez facilement 30 à 50€ d’engrais chimiques par rapport à une fertilisation conventionnelle. Le tout pour un coût de production quasi nul si vous disposez d’orties à proximité.

Récolte d'orties fraîches avec gants pour la fabrication du purin
L’ortie concentre 42 éléments nutritifs dans ses feuilles et ses tiges.

Un stimulant des défenses naturelles des plantes

Au-delà de son rôle nutritif, le purin d’ortie renforce le système immunitaire des végétaux. La silice contenue dans l’ortie (jusqu’à 4% de la matière sèche) s’intègre aux parois cellulaires des plantes traitées, les rendant plus rigides et plus difficiles à pénétrer pour les champignons pathogènes. Cette barrière physique réduit significativement l’incidence du mildiou, de l’oïdium et de la rouille.

Les recherches scientifiques récentes identifient également des composés éliciteurs dans le purin d’ortie. Ces molécules signal déclenchent chez les plantes la production de phytoalexines, des substances de défense naturelles contre les agressions. Concrètement, une plante régulièrement traitée au purin d’ortie active préventivement ses mécanismes de défense, même en l’absence d’attaque. Elle se trouve mieux armée quand les premiers pathogènes arrivent.

Des essais conduits par l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement) ont mesuré une réduction de 40 à 60% des attaques de mildiou sur tomates traitées préventivement au purin d’ortie, par rapport à des témoins non traités. Ces résultats, bien que variables selon les conditions climatiques, confirment l’intérêt du purin en complément des traitements curatifs classiques comme la bouillie bordelaise.

Synergie avec d’autres préparations : le purin d’ortie s’associe avantageusement avec la décoction de prêle (riche en silice) et le purin de consoude (riche en potasse). L’alternance de ces trois préparations toutes les deux semaines couvre l’ensemble des besoins nutritifs et défensifs des cultures les plus exigeantes. Certains jardiniers bio n’utilisent plus que ces trois préparations maison pour tous leurs traitements.

Un répulsif efficace contre les pucerons et autres ravageurs

L’odeur caractéristique du purin d’ortie fermenté — pour ne pas dire pestilentielle — possède une vertu insoupçonnée : elle repousse efficacement les pucerons, acariens et autres insectes piqueurs-suceurs. Ces ravageurs localisent leurs plantes-hôtes principalement grâce à leur odorat. Le purin masque les signaux olfactifs émis par les végétaux et perturbe le comportement de recherche des insectes.

Attention toutefois : le purin d’ortie n’est pas un insecticide. Il ne tue pas les pucerons déjà installés sur vos plantes. Son action relève de la prévention et de la répulsion, pas de l’éradication. Utilisé en pulvérisation régulière (tous les 10-15 jours), il décourage l’installation de nouvelles colonies. En cas d’infestation établie, complétez par un traitement au savon noir ou aux coccinelles avant de reprendre les pulvérisations préventives de purin.

L’effet répulsif du purin s’exerce également sur les limaces et escargots, bien que de façon moins marquée. Le paillage de feuilles d’ortie fraîches autour des plants sensibles (salades, hostas) constitue une barrière physique et olfactive complémentaire. Les gastéropodes évitent de ramper sur les feuilles urticantes et sont rebutés par l’odeur qui se dégage de leur décomposition.

🔬 Le saviez-vous ?

L’ortie accumule jusqu’à 42 éléments minéraux différents dans ses tissus, dont plusieurs oligo-éléments rares (bore, manganèse, zinc, cuivre, molybdène). Cette capacité exceptionnelle d’accumulation en fait un indicateur de la richesse des sols : là où poussent les orties, la terre est fertile. Le purin d’ortie restitue cette richesse minérale aux cultures qui en bénéficient.

Récolter les orties au bon moment pour un purin optimal

La qualité de votre purin d’ortie dépend directement de la qualité des orties utilisées. Toutes les orties ne se valent pas : leur teneur en nutriments varie considérablement selon le stade de développement, la saison de récolte et les conditions de croissance. Maîtriser ces paramètres vous garantit un purin d’une efficacité maximale.

Le stade idéal : avant la floraison

Récoltez vos orties avant l’apparition des fleurs, idéalement quand les plants atteignent 50 à 80 cm de hauteur. À ce stade, les feuilles concentrent le maximum de nutriments destinés à la floraison à venir. Une fois la floraison déclenchée, la plante mobilise ses réserves vers la production de graines, appauvrissant d’autant les parties végétatives. Le purin fabriqué avec des orties en graines perd 30 à 40% de son efficacité.

En pratique, la période optimale de récolte s’étend d’avril à juin pour la première pousse, puis de septembre à octobre pour la repousse automnale. Les orties coupées en juin repoussent vigoureusement et offrent une seconde récolte de qualité avant l’hiver. Vous pouvez ainsi constituer un stock d’orties séchées pour vos fabrications hivernales (voir section conservation).

Les jeunes pousses de 20-30 cm (avril-mai) produisent le purin le plus concentré mais en quantité limitée. Les plants adultes pré-floraison (mai-juin) offrent le meilleur compromis entre quantité et qualité. Évitez absolument les orties montées en graines : au-delà de leur moindre valeur nutritive, les graines restantes dans le purin risquent de contaminer votre jardin lors des pulvérisations.

Astuce de terrain : installez un « carré d’orties » dans un coin de votre jardin pour disposer d’une source contrôlée. Laissez un massif de 2-3 m² se développer naturellement (les orties arrivent souvent d’elles-mêmes sur les sols riches). Récoltez régulièrement pour maintenir les plants au stade végétatif optimal et empêcher la montée en graines.

Où trouver des orties de qualité

Les meilleures orties pour le purin poussent sur des sols riches et non pollués. Privilégiez les zones éloignées des routes (pollution aux métaux lourds), des champs cultivés conventionnellement (résidus de pesticides) et des anciennes décharges (contamination diverse). Les bords de rivière, lisières de forêt et jardins abandonnés offrent généralement des orties saines.

L’ortie étant une plante bio-accumulatrice, elle concentre dans ses tissus les polluants présents dans le sol. Cette propriété, exploitée en phytoremédiation des sols contaminés, se retourne contre vous si vous récoltez des orties sur terrain pollué. Les métaux lourds et pesticides se retrouveraient concentrés dans votre purin, puis sur vos légumes. En cas de doute sur l’historique d’un terrain, abstenez-vous.

Les orties de votre propre jardin constituent la source idéale si vous jardinez en bio depuis plusieurs années. Vous maîtrisez l’historique du sol et pouvez garantir l’absence de contamination. Les orties qui poussent spontanément au pied du composteur ou le long des clôtures profitent de conditions nutritives optimales et produisent un purin particulièrement riche.

Technique de récolte et précautions

L’ortie mérite son nom scientifique Urtica (qui brûle) : ses poils urticants injectent un cocktail d’acide formique, d’histamine et d’acétylcholine provoquant une réaction inflammatoire douloureuse au moindre contact. Portez systématiquement des gants épais (jardinage ou vaisselle) pour la récolte, et un vêtement à manches longues. Les gants fins en latex laissent passer les poils urticants.

Coupez les tiges à 10-15 cm du sol à l’aide d’un sécateur ou d’une faucille. Cette hauteur de coupe préserve le collet et les bourgeons basaux, permettant une repousse rapide (3-4 semaines). Une coupe trop rase épuise la souche et retarde la régénération. Sur un massif établi, vous pouvez récolter 3 à 4 fois par saison sans compromettre la pérennité de la station.

Quantités à prévoir : comptez 1 kg d’orties fraîches pour 10 litres de purin. Un seau de 10 litres rempli d’orties tassées pèse environ 1,5 à 2 kg. Pour une production standard de 20 litres de purin (suffisante pour un potager de 20-30 m² sur un mois), prévoyez 2 à 3 seaux d’orties fraîches. Un massif de 3-4 m² fournit cette quantité en une seule récolte.

Recette du purin d’ortie parfait étape par étape

La fabrication du purin d’ortie ne présente aucune difficulté technique mais exige le respect de quelques règles fondamentales. Le non-respect de ces principes conduit à des préparations inefficaces, voire toxiques pour les plantes. Suivez scrupuleusement cette recette éprouvée par des générations de jardiniers pour obtenir un concentré d’une efficacité optimale.

Ingrédients et matériel nécessaires

La liste des ingrédients reste courte et accessible : 1 kg d’orties fraîches (feuilles et tiges, sans racines ni graines) et 10 litres d’eau. Privilégiez l’eau de pluie, naturellement douce et dépourvue de chlore. L’eau du robinet convient également à condition de la laisser reposer 24-48 heures dans un récipient ouvert pour permettre l’évaporation du chlore. Ce désinfectant perturbe la fermentation en tuant une partie des micro-organismes nécessaires.

Le choix du contenant revêt une importance cruciale. Utilisez exclusivement des récipients en plastique alimentaire, en bois non traité ou en terre cuite. Proscrivez absolument les contenants métalliques (fer, zinc, aluminium, cuivre) : le métal réagit avec les acides produits pendant la fermentation, créant des composés toxiques et neutralisant les principes actifs du purin. Un simple seau en plastique de 15-20 litres fait parfaitement l’affaire.

Complétez votre équipement avec : un bâton en bois (pas de métal) pour le brassage quotidien, un grillage fin ou un voile de forçage pour couvrir le récipient sans le fermer hermétiquement, et une passoire ou un vieux drap pour la filtration finale. Certains jardiniers ajoutent un thermomètre de cuisine pour suivre l’évolution de la température, indicateur utile mais non indispensable.

Fermentation du purin d'ortie avec bulles à la surface dans un seau
Les bulles en surface signalent une fermentation active et bien conduite.

Étape 1 : Préparation des orties

Après la récolte, hachez grossièrement les orties en tronçons de 5 à 10 cm. Cette fragmentation augmente la surface de contact avec l’eau et accélère l’extraction des nutriments. Utilisez un sécateur, des ciseaux de cuisine ou simplement vos mains gantées. Inutile de réduire les orties en purée : une coupe grossière suffit amplement.

Éliminez soigneusement les racines (qui contiennent peu de nutriments et peuvent introduire des agents pathogènes du sol) et les parties en graines (pour éviter la dispersion lors des pulvérisations). Les tiges ligneuses des orties âgées se décomposent plus lentement mais ne posent pas de problème particulier. Seules les feuilles et les jeunes tiges contribuent réellement à la richesse du purin.

Pesez vos orties pour respecter le ratio 1:10. Une approximation visuelle conduit souvent à des purins trop dilués (moins efficaces) ou trop concentrés (risque de brûlure). Si vous ne disposez pas de balance, remplissez le seau d’orties tassées à ras bord : vous obtiendrez approximativement 1,5 kg, ce qui convient pour 15 litres d’eau.

Étape 2 : Mise en macération

Placez les orties hachées dans votre contenant et couvrez avec l’eau. Immergez complètement les végétaux en les maintenant sous l’eau à l’aide d’une pierre propre ou d’un grillage lesté. Les parties émergées ne fermentent pas correctement et peuvent moisir, contaminant l’ensemble de la préparation. Le niveau d’eau doit dépasser les orties de 5 à 10 cm.

Installez votre récipient dans un endroit ombragé et tempéré, à l’abri de la pluie. La température idéale de fermentation se situe entre 15 et 25°C. En dessous de 15°C, la fermentation ralentit considérablement (comptez 3-4 semaines). Au-dessus de 25°C, elle s’emballe et risque de produire des composés indésirables. Évitez le plein soleil qui surchauffe le purin et favorise les réactions anarchiques.

Couvrez le récipient avec un grillage fin ou un voile pour empêcher les insectes de pondre dans la préparation (les mouches adorent l’odeur du purin en fermentation) tout en permettant les échanges gazeux nécessaires. Ne fermez jamais hermétiquement : les gaz de fermentation doivent pouvoir s’échapper sous peine de surpression et de risque de débordement malodorant.

Étape 3 : Le brassage quotidien

Le brassage quotidien constitue l’opération clé de la fabrication du purin d’ortie. Chaque jour, remuez vigoureusement le mélange pendant 2 à 3 minutes à l’aide de votre bâton en bois. Ce brassage remplit plusieurs fonctions essentielles : il oxygène le milieu (favorisant une fermentation aérobie), il homogénéise la température, il remet en suspension les particules déposées au fond et il favorise le contact entre l’eau et les tissus végétaux.

L’observation du purin pendant le brassage fournit des informations précieuses sur l’avancement de la fermentation. Les premiers jours, le brassage libère de nombreuses bulles (dégagement de CO2). La surface se couvre d’une mousse légère et l’odeur reste végétale, presque agréable. À mi-fermentation, les bulles diminuent, le liquide se trouble et l’odeur devient franchement désagréable. En fin de fermentation, les bulles disparaissent quasi totalement et le liquide s’éclaircit.

Un oubli de brassage pendant 2-3 jours ne compromet pas irrémédiablement votre purin, mais favorise le développement d’une fermentation anaérobie (sans oxygène) qui produit des composés soufrés malodorants et potentiellement phytotoxiques. Si vous constatez une odeur d’œuf pourri caractéristique, intensifiez les brassages (2 à 3 fois par jour) pour réoxygéner le milieu et redresser la situation.

Maîtriser la fermentation du purin d’ortie

La fermentation transforme les orties en engrais liquide grâce à l’action de micro-organismes qui décomposent les tissus végétaux et libèrent les nutriments. Cette alchimie naturelle demande du temps et des conditions appropriées. Comprendre les mécanismes en jeu vous permet d’adapter votre pratique et d’obtenir un purin parfaitement fermenté.

Les trois phases de la fermentation

La phase initiale (jours 1 à 3) se caractérise par une activité microbienne intense. Les bactéries naturellement présentes sur les feuilles d’ortie se multiplient rapidement en consommant les sucres solubles. La température du purin augmente légèrement (2-3°C au-dessus de l’ambiance), des bulles apparaissent en surface et une mousse légère se forme. L’odeur reste végétale, rappelant l’herbe coupée.

La phase active (jours 4 à 10) correspond au pic de fermentation. Les micro-organismes s’attaquent aux tissus végétaux plus résistants (cellulose, protéines). Le dégagement gazeux s’intensifie puis décroît progressivement. Le liquide se trouble et prend une teinte brun-verdâtre. L’odeur devient caractéristique : forte, ammoniacale, désagréable mais pas insupportable si la fermentation se déroule correctement.

La phase de maturation (jours 10 à 15) voit l’activité microbienne décroître à mesure que les nutriments facilement accessibles s’épuisent. Les bulles deviennent rares puis disparaissent. Le liquide s’éclaircit légèrement et les résidus végétaux se tassent au fond. L’odeur reste forte mais se stabilise. Le purin atteint sa maturité optimale : riche en nutriments, pauvre en composés instables potentiellement phytotoxiques.

Évolution de la fermentation du purin d’ortie
Phase Jours Signes visuels Odeur Action
Initiale 1-3 Premières bulles, mousse légère Végétale, herbe coupée Brassage quotidien
Active 4-10 Bulles nombreuses, liquide trouble Forte, ammoniacale Brassage quotidien
Maturation 10-15 Bulles rares, liquide qui s’éclaircit Stable, moins agressive Brassage espacé
Prêt 15+ Plus de bulles, dépôt au fond Caractéristique, stable Filtration, stockage

Reconnaître un purin prêt à l’emploi

Le test des bulles constitue l’indicateur le plus fiable de la fin de fermentation. Brassez vigoureusement votre purin : s’il ne se forme plus aucune bulle en surface, la fermentation est terminée. Des bulles résiduelles indiquent que la décomposition se poursuit et que le purin gagne à mûrir encore quelques jours. Ne vous fiez pas uniquement au calendrier : la durée varie selon la température, la qualité des orties et le volume préparé.

La couleur du purin mûr oscille entre le brun foncé et le noir verdâtre, selon la concentration et les conditions de fermentation. Un purin correctement fermenté présente un aspect relativement homogène, sans masses gélatineuses ni moisissures de surface. Les résidus d’orties doivent être désagrégés, réduits à l’état de fibres molles qui se dispersent au brassage.

L’odeur caractéristique du purin mûr se situe entre l’ammoniac et la matière organique en décomposition : forte, désagréable, mais pas putride. Une odeur d’œuf pourri (sulfure d’hydrogène) signale une fermentation anaérobie indésirable. Une odeur aigre, vinaigrée, indique une acidification excessive. Dans ces deux cas, le purin reste utilisable mais moins efficace. Intensifiez le brassage les jours suivants pour tenter de rééquilibrer.

Facteurs influençant la durée de fermentation

La température ambiante exerce l’influence la plus déterminante sur la vitesse de fermentation. À 20-25°C (conditions estivales), comptez 10 à 12 jours pour une fermentation complète. À 15-18°C (printemps, automne), prévoyez 15 à 20 jours. En dessous de 12°C, la fermentation ralentit drastiquement et peut nécessiter un mois ou plus. Rentrez vos contenants dans un local tempéré si les nuits fraîchissent.

Le ratio orties/eau influence également la cinétique. Un purin concentré (1,5 kg/10L) fermente plus rapidement qu’un purin dilué (500g/10L) grâce à une charge microbienne initiale plus importante. Cependant, les purins très concentrés présentent un risque accru de fermentation anarchique et demandent une surveillance plus attentive. Le ratio standard 1:10 offre le meilleur compromis.

La qualité de l’eau joue un rôle souvent sous-estimé. L’eau de pluie, naturellement riche en micro-organismes atmosphériques, démarre plus vite en fermentation que l’eau du robinet chlorée. Si vous utilisez l’eau du réseau, laissez-la déchlorer 48 heures minimum avant utilisation. Certains jardiniers ajoutent une poignée de terre de jardin ou de compost mûr pour ensemencer le milieu en micro-organismes bénéfiques.

Dosages précis du purin d’ortie selon l’utilisation

L’efficacité du purin d’ortie dépend autant du dosage que de la qualité de la préparation. Trop concentré, il brûle les feuilles et les racines. Trop dilué, il perd toute efficacité. Les ratios présentés ici, issus de décennies d’expérience collective des jardiniers bio, garantissent résultats et sécurité pour toutes vos cultures.

Dilution 10% : l’arrosage nutritif au pied des plants

La dilution à 10% constitue le standard pour l’arrosage au pied des plants en phase de croissance active. Concrètement : mélangez 1 litre de purin pur dans 9 litres d’eau (soit 1 volume de purin pour 9 volumes d’eau). Cette concentration apporte une fertilisation significative sans risque de surdosage. L’azote organique se libère progressivement et nourrit les plantes sur plusieurs jours.

Appliquez cette dilution tous les 10 à 15 jours pendant la période de croissance (avril à août pour la plupart des légumes). Arrosez au pied des plants, en évitant le feuillage, à raison de 1 à 2 litres de solution par plant pour les tomates et courgettes, 0,5 litre pour les salades et légumes de taille modeste. Un arrosage sur sol préalablement humide favorise la pénétration et limite le lessivage.

Cas particulier des semis et jeunes plants : réduisez la concentration à 5% (0,5L de purin pour 9,5L d’eau) pour les plantules de moins de 4 semaines. Leur système racinaire encore fragile supporte mal les concentrations élevées. Augmentez progressivement le dosage au fur et à mesure de leur développement. Un repiquage réussi ne nécessite pas de purin avant 10-15 jours de reprise.

Dilution 5% : la pulvérisation foliaire préventive

La pulvérisation foliaire à 5% (0,5L de purin pour 9,5L d’eau) stimule les défenses naturelles des plantes et repousse les pucerons. À cette concentration réduite, le purin ne risque pas de brûler les feuilles même en conditions de forte luminosité. Les nutriments sont absorbés directement par les stomates et agissent rapidement sur le métabolisme végétal.

Pulvérisez les deux faces des feuilles jusqu’à ruissellement, en conditions de faible luminosité : tôt le matin (avant 9h) ou en fin de journée (après 18h). Évitez absolument les pulvérisations en plein soleil : les gouttelettes créent un effet loupe qui brûle le feuillage. Par temps couvert, vous pouvez pulvériser à tout moment de la journée. Renouvelez tous les 10 à 15 jours en prévention, tous les 5 à 7 jours en cas de pression parasitaire.

Filtration impérative : avant toute pulvérisation, filtrez soigneusement votre purin à travers un tissu fin (vieux drap, bas nylon) pour éliminer les particules qui boucheraient la buse du pulvérisateur. Un purin mal filtré obstrue rapidement les buses fines et rend l’appareil inutilisable. Rincez le pulvérisateur à l’eau claire après chaque utilisation pour éviter les dépôts.

Tableau des dilutions du purin d’ortie
Usage Dilution Préparation Fréquence
Arrosage croissance 10% 1L purin + 9L eau Tous les 10-15 jours
Pulvérisation foliaire 5% 0,5L purin + 9,5L eau Tous les 10-15 jours
Jeunes plants/semis 5% 0,5L purin + 9,5L eau Tous les 15-20 jours
Trempage pré-plantation 20% 2L purin + 8L eau 1 seule fois (30 min)
Activateur de compost Pur ou 50% Non dilué ou 1:1 1 fois par mois

Usages spéciaux : trempage et activation de compost

Le trempage des mottes avant plantation à 20% de purin (2L pour 8L d’eau) stimule la reprise des plants repiqués. Immergez les godets pendant 15 à 30 minutes avant la mise en terre. Les racines s’imprègnent de solution nutritive et bénéficient d’un coup de fouet initial. Cette technique s’avère particulièrement efficace pour les tomates, poivrons et aubergines dont la reprise conditionne la productivité future.

Le purin d’ortie pur ou dilué à 50% excelle comme activateur de compost. Arrosez votre tas de compost avec 5 à 10 litres de purin une fois par mois. L’apport d’azote et de micro-organismes accélère considérablement la décomposition des matières carbonées (feuilles mortes, broyat, carton). Un compost traité au purin mûrit en 4 à 6 mois au lieu de 8 à 12 mois pour un compost non activé.

Le purin comme « starter » de cultures : certains jardiniers pratiquent le trempage des graines dans du purin très dilué (2-3%) pendant quelques heures avant semis. Cette technique controversée donnerait une légère avance aux plantules. Les résultats varient selon les espèces et les conditions. Testez sur une partie de vos semis pour vous faire votre propre opinion.

Techniques d’application efficaces du purin d’ortie

La meilleure préparation du monde perd son efficacité si elle est mal appliquée. Le mode d’application du purin d’ortie influence directement son assimilation par les plantes et ses effets bénéfiques. Maîtrisez ces techniques pour tirer le maximum de vos préparations.

Arrosage de plants de tomates avec du purin d'ortie dilué au pied
L’arrosage au pied concentre les nutriments là où les racines peuvent les absorber.

L’arrosage au pied : la technique de base

L’arrosage au pied constitue la méthode la plus simple et la plus sûre d’application. Versez la solution diluée directement au niveau du collet de la plante, dans un rayon de 20-30 cm autour de la tige principale. Cette zone concentre les racines absorbantes superficielles qui captent l’essentiel des nutriments. Évitez d’arroser entre les rangs où l’eau profiterait davantage aux mauvaises herbes qu’à vos cultures.

Arrosez sur sol préalablement humide pour favoriser la pénétration et la diffusion du purin dans la zone racinaire. Sur sol sec, une partie de la solution ruisselle en surface sans atteindre les racines. L’idéal consiste à arroser au purin le lendemain d’une pluie ou d’un arrosage classique à l’eau claire. Le sol humide permet également une meilleure activité microbienne pour transformer les nutriments organiques.

Adaptez les quantités au développement des plantes : 0,5 litre de solution pour les jeunes plants et les légumes modestes (salades, radis), 1 à 2 litres pour les légumes adultes de taille moyenne (haricots, betteraves), 2 à 3 litres pour les grands légumes gourmands (tomates, courgettes, courges). Un arrosoir de 10 litres dilué à 10% traite ainsi 5 à 10 plants selon leur taille.

La pulvérisation foliaire : technique avancée

La pulvérisation foliaire permet une absorption rapide des nutriments par les feuilles, complémentaire de l’absorption racinaire. Les stomates (pores des feuilles) laissent pénétrer les solutions diluées qui atteignent directement les cellules végétales. Cette voie d’entrée court-circuite le transit par le sol et accélère les effets stimulants du purin.

Utilisez un pulvérisateur à pression (5 à 10 litres) équipé d’une buse produisant un brouillard fin. Les grosses gouttes ruissellent sur les feuilles sans pénétrer. Réglez la pression pour obtenir un jet en « brume » plutôt qu’en « jet ». Maintenez une distance de 30-40 cm entre la buse et le feuillage pour une couverture homogène.

Pulvérisez les deux faces des feuilles, en insistant sur la face inférieure où se concentrent les stomates et où se cachent les pucerons. Travaillez méthodiquement, rang par rang, pour ne pas oublier de zones. La feuille doit être uniformément humide mais pas dégoulinante. Si des gouttes coulent le long des nervures, vous en avez mis trop.

Conditions météo optimales : pulvérisez par temps calme (pas de vent qui disperserait le produit), par ciel couvert ou aux heures fraîches (matin avant 9h, soir après 18h). La rosée matinale améliore l’absorption foliaire mais retardez la pulvérisation si les feuilles sont trempées de pluie récente. Évitez de traiter si la pluie est annoncée dans les 4 heures : le produit serait lessivé avant d’agir.

Quand traiter : le bon timing pour chaque objectif

Pour une fertilisation de croissance, concentrez les applications entre avril et juillet, période de développement végétatif maximal. À partir d’août, réduisez les apports azotés qui favoriseraient un feuillage tardif au détriment de la maturation des fruits. Les tomates, poivrons et aubergines gagnent à recevoir leurs derniers purins mi-juillet pour privilégier ensuite la fructification.

Pour un effet préventif contre les maladies, démarrez les pulvérisations dès l’installation des plants au jardin et maintenez un rythme régulier tout au long de la saison. La régularité prime sur l’intensité : mieux vaut 10 pulvérisations légères étalées sur 4 mois qu’un traitement massif en réaction à un problème déclaré. La prévention demande de l’anticipation et de la constance.

En cas d’attaque de pucerons, intensifiez temporairement le rythme des pulvérisations (tous les 3-5 jours) jusqu’à régression de l’infestation. Complétez si nécessaire par un traitement au savon noir ou une introduction de coccinelles. Le purin seul ne suffit généralement pas à éliminer une colonie établie mais contribue à limiter son extension et à renforcer les plantes attaquées.

🧑‍🌾 Témoignage : Pierre, maraîcher bio depuis 15 ans

« J’utilise le purin d’ortie sur mes 2 hectares de cultures maraîchères depuis le début. J’ai divisé par trois mes achats d’engrais et pratiquement abandonné les traitements phytosanitaires sur les cultures d’été. Mes tomates n’ont pas connu le mildiou depuis 7 ans grâce aux pulvérisations préventives bimensuelles. Le secret ? La régularité et le respect des dosages. Un purin bien fait et bien appliqué remplace une pharmacie entière. »

Quels légumes traiter au purin d’ortie et comment

Tous les légumes ne répondent pas de la même façon au purin d’ortie. Certains adorent et explosent de vigueur, d’autres tolèrent sans plus, quelques-uns préfèrent s’en passer. Cette section détaille les réactions de chaque grande famille de légumes et les adaptations de protocole correspondantes.

Les légumes-fruits : les grands bénéficiaires

Les tomates, courgettes, concombres, poivrons et aubergines constituent les cibles privilégiées du purin d’ortie. Ces légumes gourmands en azote répondent spectaculairement aux apports réguliers. La croissance s’accélère de 30 à 50%, le feuillage se densifie, la production de fruits augmente. Les tomates notamment développent des tiges plus robustes et une résistance accrue au mildiou.

Protocole recommandé pour les légumes-fruits : arrosage au pied à 10% tous les 10-12 jours d’avril à mi-juillet, pulvérisation foliaire à 5% en alternance. Réduisez puis stoppez les apports à partir de la mi-juillet pour favoriser la maturation plutôt que la croissance végétative. Un excès d’azote tardif produit de beaux pieds feuillus mais retarde la coloration des fruits.

Les courges, potirons et melons apprécient également le purin d’ortie mais demandent une vigilance particulière sur le dosage. Ces plantes vigoureuses ont tendance à s’emballer avec trop d’azote, produisant des mètres de lianes au détriment des fruits. Limitez les apports à la phase d’installation (mai-juin), puis espacez ou stoppez pour concentrer l’énergie sur la fructification.

Les légumes-feuilles : à doser avec précaution

Les salades, épinards, blettes et choux profitent du purin d’ortie mais supportent mal les excès. L’azote favorise effectivement le développement foliaire recherché, mais un surdosage provoque des feuilles gorgées d’eau, plus sensibles aux maladies et moins goûteuses. Les salades traitées à l’excès montent rapidement en graines.

Protocole pour les légumes-feuilles : arrosage à 5% (dilution faible) tous les 15-20 jours maximum. Évitez les pulvérisations foliaires qui favorisent les maladies sur ces feuillages denses et proches du sol. Stoppez tout apport 2-3 semaines avant la récolte prévue pour éviter l’accumulation de nitrates dans les feuilles (préoccupation sanitaire).

Les poireaux et céleris constituent une exception : ces légumes-feuilles particulièrement gourmands tolèrent et apprécient des apports plus généreux (dilution 10%, fréquence bimensuelle). Leur cycle long (6-8 mois) permet d’étaler les fertilisations. Réduisez néanmoins les apports en fin de culture pour favoriser la qualité gustative.

Les légumineuses : pas de purin d’ortie !

Les haricots, pois, fèves et lentilles n’ont pas besoin de purin d’ortie et n’en tirent aucun bénéfice. Ces légumineuses fixent leur propre azote atmosphérique grâce aux bactéries symbiotiques (Rhizobium) présentes dans leurs nodosités racinaires. Un apport d’azote externe perturbe cette symbiose naturelle et peut même inhiber la nodulation.

Pire : un excès d’azote sur légumineuses favorise le développement végétatif au détriment de la floraison et de la fructification. Vos haricots produisent de belles feuilles mais peu de gousses. Contentez-vous d’un sol correctement préparé et laissez ces plantes travailler seules. Elles enrichiront même le sol pour les cultures suivantes.

Les légumes-racines : avec modération

Les carottes, betteraves, radis et navets présentent une réponse mitigée au purin d’ortie. L’azote favorise le développement foliaire plutôt que la racine, ce qui n’est pas l’objectif recherché. Des apports excessifs produisent des fanes luxuriantes surmontant des racines chétives, fourchues ou fibreuses.

Protocole limité pour les légumes-racines : un seul arrosage à 5% au moment du semis pour stimuler la germination, puis plus rien jusqu’à la récolte. Certains jardiniers préfèrent s’abstenir complètement et réserver le purin aux cultures qui en profitent davantage. Les légumes-racines préfèrent un sol riche en potasse (purin de consoude) plutôt qu’en azote.

Exception : les pommes de terre apprécient 2-3 arrosages au purin d’ortie pendant leur phase de croissance végétative (mai-juin), avant la floraison. Stoppez ensuite pour favoriser la tubérisation. Le purin renforce également leur résistance au mildiou, fléau majeur de cette culture en climat humide.

Conservation du purin d’ortie : durée de vie et stockage

Un purin d’ortie correctement conservé garde ses propriétés fertilisantes pendant plusieurs mois, voire un an. Mal stocké, il se dégrade rapidement et perd son efficacité en quelques semaines. Ces règles de conservation garantissent un produit utilisable jusqu’à la saison suivante.

Filtration soignée avant stockage

Avant tout stockage longue durée, filtrez minutieusement votre purin pour éliminer les résidus végétaux. Ces matières organiques continuent de fermenter et dégradent la qualité du purin au fil du temps. Utilisez un tissu fin (vieux drap, bas nylon) ou une passoire à mailles serrées. Les résidus filtrés rejoignent le compost où ils poursuivent utilement leur décomposition.

Un purin correctement filtré présente un aspect relativement limpide, brun foncé à noir, sans particules en suspension. Quelques jours après filtration, un léger dépôt peut se former au fond du contenant : c’est normal. Évitez de le remettre en suspension lors des prélèvements pour maintenir la clarté du produit.

Contenants et conditions de stockage

Stockez votre purin filtré dans des bidons ou jerricans opaques en plastique alimentaire, fermés hermétiquement. L’opacité protège de la lumière qui dégrade certains composés actifs. L’étanchéité limite l’évaporation et l’entrée d’air qui favoriserait une oxydation indésirable. Les contenants transparents ou translucides conviennent au stockage en lieu sombre (cave, garage obscur).

Choisissez un lieu de stockage frais (10-15°C), à l’abri de la lumière et du gel. Une cave, un garage nord ou un abri de jardin ombragé conviennent parfaitement. Les températures élevées (>20°C) accélèrent la dégradation. Le gel provoque l’éclatement des contenants et peut altérer les propriétés du purin par cristallisation de certains composés.

Éloignez vos stocks des zones de vie : même bien fermé, un contenant de purin dégage une odeur perceptible qui imprègne l’environnement. Évitez la proximité des fenêtres ouvertes, des terrasses ou des passages fréquents. Un local technique dédié (buanderie, remise à outils) constitue l’emplacement idéal.

Durée de conservation réaliste

Dans des conditions optimales de stockage (fraîcheur, obscurité, étanchéité), le purin d’ortie conserve ses propriétés fertilisantes pendant 6 à 12 mois. Au-delà, l’efficacité diminue progressivement sans devenir nulle. Un purin de 18 mois reste utilisable mais à des dilutions plus faibles (5% au lieu de 10%) pour compenser sa moindre concentration.

Signes de dégradation avancée : odeur excessivement forte d’ammoniaque (perte d’azote par volatilisation), aspect gélatineux ou formation de masses compactes, développement de moisissures en surface après ouverture. Un purin présentant ces signes perd la majeure partie de ses propriétés fertilisantes mais peut encore servir d’activateur de compost.

Conservation alternative : le purin d’orties séchées. Faites sécher vos orties à l’ombre puis stockez-les en sacs dans un local sec. Ces orties séchées se conservent 1 à 2 ans et permettent de fabriquer du purin en toute saison. Le ratio passe à 200g d’orties sèches pour 10 litres d’eau, avec une fermentation légèrement plus longue (15-20 jours).

Les 8 erreurs qui ruinent votre purin d’ortie

La fabrication du purin d’ortie semble simple, mais certaines erreurs récurrentes conduisent à des préparations inefficaces, voire toxiques pour les plantes. Identifiez ces pièges classiques pour les éviter et garantir un purin de qualité professionnelle.

  1. Utiliser un contenant métallique
    Le fer, le zinc, l’aluminium et le cuivre réagissent avec les acides de fermentation. Les composés formés neutralisent les principes actifs et peuvent devenir phytotoxiques. Solution : plastique alimentaire, bois ou terre cuite uniquement.
  2. Oublier le brassage quotidien
    Sans oxygénation régulière, la fermentation anaérobie prend le dessus. Elle produit des composés soufrés malodorants (odeur d’œuf pourri) et des acides toxiques pour les plantes. Solution : brassez 2-3 minutes chaque jour sans exception.
  3. Utiliser de l’eau chlorée
    Le chlore du robinet tue une partie des micro-organismes responsables de la fermentation. La macération ralentit et produit un purin de qualité inférieure. Solution : eau de pluie ou eau du robinet décantée 48h.
  4. Surdoser la concentration
    Un purin trop concentré (>15%) brûle les racines et les feuilles, provoquant des nécroses caractéristiques. Les plantes stressées deviennent plus vulnérables aux maladies. Solution : respectez scrupuleusement les dilutions 10% (arrosage) et 5% (pulvérisation).
  5. Pulvériser en plein soleil
    Les gouttelettes sur les feuilles créent un effet loupe qui concentre les rayons solaires. Brûlures foliaires garanties, même avec un purin correctement dilué. Solution : traitez avant 9h ou après 18h, jamais entre 11h et 17h.
  6. Utiliser un purin trop jeune
    Un purin de moins de 10 jours contient des composés instables potentiellement phytotoxiques. La fermentation incomplète laisse des acides agressifs. Solution : attendez la disparition des bulles (test de fin de fermentation).
  7. Négliger la filtration
    Les résidus d’orties bouchent les pulvérisateurs et continuent de fermenter sur les feuilles, provoquant des brûlures localisées. Solution : filtrez au tissu fin avant toute utilisation.
  8. Traiter des plantes stressées
    Une plante souffrant de sécheresse, d’excès d’eau ou de maladie supporte mal les apports de purin. Son métabolisme perturbé ne peut assimiler correctement les nutriments. Solution : rétablissez d’abord des conditions culturales normales avant de fertiliser.

Questions fréquentes sur le purin d’ortie

Combien de temps faut-il pour faire du purin d’ortie ?

La fabrication du purin d’ortie demande entre 10 et 20 jours selon la température ambiante. À 20-25°C (conditions estivales), comptez 10 à 12 jours. À 15-18°C (printemps, automne), prévoyez 15 à 20 jours. La fermentation est terminée quand le brassage ne produit plus de bulles en surface. Ne vous fiez pas uniquement au calendrier : le test des bulles reste l’indicateur le plus fiable.

Comment atténuer l’odeur du purin d’ortie ?

L’odeur caractéristique du purin d’ortie ne peut pas être totalement supprimée, mais peut être atténuée. Ajoutez une poignée de poudre de roche (basalte, lithothamne) ou d’argile dans le mélange initial : ces minéraux fixent une partie des composés volatils malodorants. Certains jardiniers incorporent des feuilles de menthe ou de lavande, sans preuve d’efficacité significative. Le stockage en contenant fermé limite la diffusion des odeurs dans l’environnement.

Le purin d’ortie est-il dangereux pour les animaux domestiques ?

Le purin d’ortie dilué ne présente aucun danger pour les animaux domestiques (chiens, chats). Son odeur repoussante les dissuade généralement d’y goûter. En cas d’ingestion accidentelle de purin concentré, les symptômes restent bénins (troubles digestifs passagers). Par précaution, empêchez l’accès des animaux aux contenants de stockage et laissez sécher les zones traitées avant de laisser vos animaux y accéder.

Peut-on mélanger le purin d’ortie avec d’autres préparations ?

Oui, le purin d’ortie se mélange avantageusement avec d’autres préparations naturelles. La combinaison classique associe purin d’ortie (azote), purin de consoude (potasse) et décoction de prêle (silice) pour une fertilisation complète. Mélangez à parts égales avant dilution. En revanche, ne mélangez jamais le purin d’ortie avec la bouillie bordelaise ou d’autres préparations à base de cuivre : des réactions chimiques indésirables se produisent.

Le purin d’ortie peut-il brûler les plantes ?

Oui, un purin d’ortie mal utilisé peut brûler les plantes. Les risques surviennent dans trois situations : purin trop concentré (dilution insuffisante), pulvérisation en plein soleil (effet loupe), ou application sur plantes stressées. Les symptômes apparaissent sous forme de taches brunes sur les feuilles (brûlures foliaires) ou de jaunissement général (excès d’azote). Respectez les dilutions préconisées (10% arrosage, 5% pulvérisation) et les horaires de traitement (matin tôt, soir) pour éviter tout dommage.

Le purin d’ortie est-il utilisable en agriculture biologique ?

Oui, le purin d’ortie est parfaitement autorisé en agriculture biologique et figure parmi les préparations naturelles recommandées par les cahiers des charges AB. Il s’inscrit dans la logique de l’agroécologie qui privilégie les ressources locales et les cycles naturels. Les fermes certifiées bio l’utilisent couramment comme fertilisant et stimulateur de défenses naturelles, en alternative aux intrants chimiques de synthèse.

À quelle fréquence peut-on utiliser le purin d’ortie ?

La fréquence d’utilisation du purin d’ortie dépend de l’objectif visé et des cultures traitées. Pour une fertilisation de croissance sur légumes gourmands (tomates, courgettes), appliquez tous les 10 à 15 jours de mai à juillet. Pour une action préventive contre les maladies et ravageurs, pulvérisez tous les 10 à 15 jours tout au long de la saison. Évitez les applications plus rapprochées qui risquent de surdoser en azote et de déséquilibrer la croissance des plantes.

Fabriquez votre premier purin d’ortie ce week-end

Le purin d’ortie représente la base incontournable du jardinage biologique. Gratuit, puissant, polyvalent : il coche toutes les cases du jardinier autonome. Avec cette recette détaillée, les dosages précis et les techniques d’application, vous disposez de tout le nécessaire pour démarrer. Les orties poussent partout, l’eau ne manque pas, seul votre premier pas reste à faire.

Votre mission cette semaine : localisez un massif d’orties à proximité de chez vous. Vérifiez qu’il se trouve sur un terrain non pollué, loin des routes et des cultures conventionnelles. Récoltez 1 kg d’orties fraîches, hachez-les grossièrement, immergez dans 10 litres d’eau de pluie. Brassez chaque jour pendant 12 à 15 jours. Vos tomates vous remercieront avec une croissance spectaculaire.

Envie d’aller plus loin dans le jardinage naturel ? Découvrez nos guides sur le purin de consoude, la décoction de prêle, les associations de plantes compagnes et le compostage maison. Chaque article approfondit une facette de l’autonomie au jardin.